Les maladies infectieuses émergentes se propagent
Maladies infectieuses: elles se disséminent et mutent dans le monde entier. Et les assureurs s’organisent pour apporter des réponses actuarielles. Cinq, ils en ont isolé cinq.
À Genève, des scientifiques et des experts de la World Health Organisation ont jugé que les maladies infectieuses suivantes :
- fièvre hémorragique de Crimée- Congo,
- virus Ebola,
- fièvre Lassa,
- MERS (coronavirus) et,
- SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère),
constituent les pathogènes émergents à même de générer des risques sévères, aucun remède n’existant à ce jour.
Outre cette liste prioritaire, le virus Zika, le chikungunya, le sida, la tuberculose, la malaria, la grippe aviaire ou encore la dengue (voir carte) qui génèrent moins de décès mais beaucoup de cas d’incapacités de travail et d’invalidités dans divers endroits du monde, ont été estimés « sérieux ». L’augmentation de la population mondiale, la prolifération de nouveaux virus, l’explosion du nombre de voyageurs. Ou bien encore le recul de la ruralité justifient, entre autres, l’accroissement d’une veille soutenue sur ces maladies infectieuses …/…
Une assurabilité sujette à caution de ces maladies
Les réassureurs restent donc aux premières loges pour évaluer techniquement et médicalement ces dangers. Et ce, à l’aune de deux craintes : la propagation rapide et la mutation des virus. Chez Scor, Vincent Lepez, directeur de la tarification de la branche vie et santé, confirme que le risque pandémie peut être évalué. Et couvert dans le cadre de l’assurance décès. Toutefois, lorsque la demande de souscription survient après l’émergence d’un risque pandémique, l’assurabilité est sujette à caution. Premier indicateur : « les maladies qui ont un taux de létalité de 30 % sont difficilement assurables », affirme Gabriela Buffet, médecin en charge de la veille pandémique chez Scor. En dessous de ce seuil, il est possible de répondre aux demandes d’entreprises ou d’ONG qui expatrient des salariés dans des pays à risques.
« Les expatriés situés dans des zones proches d’Ebola seraient, par exemple, assurables au titre d’une contamination fortuite, avec des exclusions liées à l’application stricte de mesures de protection afin de contrôler leur exposition », détaille Vincent Lepez qui bâtit des scénarios extrêmes comme celui de la réapparition de la variole !
« Nos modèles tiennent notamment compte des caractéristiques de l’agent pathogène, des facteurs de transmission de la maladie, de la densité d’habitat de la zone touchée, de l’environnement économique, des ressources médicales disponibles et de la politique de santé publique pratiquée », précise Gabriela Buffet.
Epidémies et statistiques
Reste des tarifs élevés résultant de l’incertitude statistique au début des épisodes épidémiques.
« Dans le cas où l’incidence réelle du risque aurait été largement surestimée, des mécanismes de remboursement partiel de primes peuvent être envisagés », confie Vincent Lepez.
Bien que majeur, ce risque souffre d’une faible prise de conscience collective. Et si les assureurs cherchent, eux, à se couvrir, entreprises et particuliers ne sont pas forcément au fait de ce à quoi leur donneraient droit leurs couvertures en santé et prévoyance.
« Une pandémie de grande ampleur changerait la donne, mais il serait alors trop tard pour s’assurer et les couvertures futures se trouveraient ajustées de cette expérience nouvelle », note Vincent Lepez.
Source: l’Argus de l’assurance